Raoni |
À l’occasion de sa visite à
Cheverny le 24 septembre dernier, La Grenouille a rencontré un homme au
destin extraordinaire, qui est passé de l’âge de pierre au troisième millénaire
en l’espace d’une vie.
Raoni (de son vrai nom Ropni Metuktire) est né au Brésil dans l’État
du Mato Grosso vers 1930, au coeur de la forêt amazonienne, dans un village
nommé Krajmopyjakare (lieu aujourd’hui appelé Kapôt). Il est issu de la branche
Metuktire des indiens Kayapos. Le peuple kayapo est nomade et son enfance est
marquée par des déplacements incessants et de nombreuses guerres tribales.
C’est
à l’âge de 15 ans qu’il commence à installer un labret, disque de bois peint de façon
cérémonielle que les guerriers de sa tribu nomment botoque et portent sous la lèvre
inférieure (le Labret était destiné à effrayer les animaux, mais il n’a plus
été porté par les générations suivantes et Raoni est l’un des derniers indiens
de sa tribu à le porter).
Raoni se souvient de l’époque où, enfant, les membres
de sa tribu conservaient le feu provoqué par la foudre car ils ne savaient pas
le reproduire. C’est en 1954 que Raoni rencontre pour la première fois des
occidentaux.
En 1973 il fait une rencontre qui va changer son existence : il
sauve la vie d’un jeune reporter cinéaste de 24 ans, Jean-Pierre Dutilleux qui,
fasciné par la personnalité et le charisme incroyable de Raoni, lui rend une
nouvelle visite quelques années plus tard avec l’idée d’en faire le sujet de
son premier documentaire long métrage. Ce film ("RAONI"), présenté à Cannes en 1977,
remporte un succès d’estime mais Jean-Pierre Dutilleux transforme l’essai en
parvenant à impliquer Marlon Brando pour la présentation dans sa version
anglaise. Le film est alors «nominé» aux Oscars et projeté au Mann’s Chinese Theatre de Los Angeles. Le Brésil fait un
triomphe au film et Raoni devient l’Indien le plus célèbre du « payscontinent ».
En 1989, avec l’aide du chanteur Sting (que lui a présenté Jean-Pierre
Dutilleux), Raoni quitte le Brésil pour la première fois et lance, au cours de
cette tournée dans 17 pays (dont la France) un appel à l’aide qui sera relayé
par la plupart des télévisions et qui va contribuer à éveiller les consciences
sur les problèmes posés par la déforestation qui ne détruit pas seulement les dernières
tribus indiennes, mais qui risque de compromettre aussi l’avenir de notre
planète. Raoni fut reçu, au cours de cette tournée, par le président François
Mitterrand et par Jacques Chirac (alors maire de Paris), puis par le Prince Charles, Juan
Carlos ou encore Jean-Paul II...
Mission accomplie, suite à cette tournée,
Raoni obtint en 1993 la constitution de la réserve kayapo. Cette réserve forme, avec le
parc national du Xingu, la réserve de Gorotire et de Panará, un ensemble de 195 000 km² qui constitue la plus
grande réserve des forêts tropicales de la planète. Sa surface correspond à l’État
de Floride ou encore au tiers de la France.
En 2000, lors d’un second voyage en
France, il obtient le soutien, (et une étude de faisabilité financée par la
France) du président Jacques Chirac pour son projet d’Institut Raoni, un concept pour préserver et développer
la réserve indienne constituée en 1993, (projet finalement gelé suite aux
événements du 11 septembre 2001).
C’est le projet d’un immense complexe de barrage,
celui de Belo Monte, qui menace directement le territoire qu’il eût tant de mal à protéger,
qui fait sortir Raoni de sa réserve en 2009. Il décide alors d’entreprendre en
2010 une ultime campagne pour rechercher du soutien en Europe et relancer l’Institut Raoni, avec le soutien de Jacques
Chirac.
Raoni - Plantation d'un liquidambar dans le parc du Château de Cheverny |
Son Voyage en France cet été 2011 et notamment à Cheverny, est dans la
continuité de celui de 2010. Charles Antoine et Constance de Vibraye ont en
effet décidé d’apporter leur soutien au Chef Raoni, au cours d’une visite
privée, à l’occasion de laquelle fût planté un «liquidambar», le même arbre qu’il avait
planté en 2000 à Versailles. Après ce geste, symbolique pour le défenseur de la
forêt amazonienne, Raoni a tenu une conférence de presse devant un parterre de
journalistes et de photographes.
La Grenouille, elle aussi ardent défenseur de la nature et de la
forêt, tenait à vous faire mieux connaître ce personnage hors du commun qu’elle
a eu la chance de rencontrer.
Pour en savoir plus sur le chef Raoni, voici l’adresse
de son site internet officiel : www.raoni.fr sur lequel vous pourrez signer la pétition en faveur de
son action. Pétition qui a déjà recueilli plus de 105 000 signatures.
Le Héron - La Grenouille n°13 - Octobre 2011
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