La fraise, production locale

Ce petit fruit rouge, très présent en Sologne et apprécié de tous, a depuis deux ans sa fête annuelle à Cour-Cheverny, organisée par le Comité des Fêtes qui l’a créée pour mettre en valeur sa production locale. L’occasion pour La Grenouille de s’y intéresser de plus près...

Un fruit très particulier (1)

La fraise pousse à l’état sauvage en Amérique, en Asie et en Europe occidentale. Elle est connue des hommes depuis la Préhistoire, et plaisait aux Romains de l’Antiquité qui s’en faisaient des soins de peau. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que la grosse fraise fait son apparition en France, à la suite d’un croisement réalisé entre une variété chilienne et une variété d’Amérique du Nord.

La fraise est, en terme botanique, un « faux-fruit », les vrais fruits étant les petits akènes qui pointent à sa surface. À chaque fois que l’on mange une fraise, on avale ainsi une centaine de fruits ! La partie rouge et charnue de la fraise correspond, elle, au synophore hypertrophié, le prolongement de l’ancienne fleur à l’intérieur du pédoncule.
La fraise est bonne pour la santé. Elle est peu calorique et contient (entre autres) de la vitamine C et des antioxydants.

On distingue 2 variétés de fraisiers :
• les fraisiers remontants, qui sont des fraisiers donnant des fruits plusieurs fois dans l’année, plus précisément entre fin mai et le début des premières gelées. Une première fructification a lieu en fin de printemps, assez importante, qui se prolonge sporadiquement jusqu’aux premières grosses chaleurs. Et dès la fin de cette période creuse, la fructification redémarre, moins importante. Les fruits de ces variétés remontantes sont généralement de taille moyenne. Les fraisiers remontants les plus connus sont la « Charlotte » et la « Mara des bois »,
• les fraisiers non remontants, qui ne fructifient qu’une seule fois, entre mai et juin, mais dont la production est très généreuse, et les fruits sont souvent plus gros. On y trouve notamment la célèbre « Gariguette ».

Trois fraisiculteurs, Stéphane et Bertrand Hermelin (GAEC Hermelin Frères à Cour-Cheverny, producteur de fraises depuis trois générations…), et Franck Guilloteau (2) (GAEC Guilloteau à Fontaines- en-Sologne, 3e génération également…), président du Cadran, nous ont permis de découvrir les particularités de la culture et de la commercialisation de ce fruit.
La fraise est cultivée dans plusieurs régions françaises, dont le Val de Loire, essentiellement représenté par la Sologne, où les terres sableuses et légèrement acides lui conviennent bien (comme pour l’asperge). La production s’est beaucoup développée depuis une quarantaine d’années grâce au travail de la profession qui a su faire progresser la qualité du fruit et se démarquer ainsi de la concurrence espagnole.
La culture se faisait traditionnellement en pleine terre et certains producteurs y restent attachés. Dans ce mode de culture, la fraise est plantée de juillet à août, pour une récolte au printemps de l’année suivante, et produit de nouveau 12 mois plus tard. La fraise « épuisant » (3) le sol où se développent différents parasites, le plant doit ensuite être arraché et on ne peut replanter la fraise sur le même terrain que plusieurs (de 5 à 10) années après, ce qui implique de disposer de beaucoup de surfaces cultivables.
De nombreux facteurs font que la tendance générale est d’évoluer vers la culture « en jardin suspendu » notamment du fait de la raréfaction des produits autorisés pour le traitement des sols. La culture hors sol se fait en sacs de culture à base de terreau, et permet une maîtrise plus facile des traitements et de la consommation en eau pour l’arrosage, et bien sûr une diminution de la pénibilité pour la cueillette, principale difficulté de la profession qui peine à trouver de la main d’
œuvre.
Du point de vue climatique, les principaux aléas sont le gel au moment de la floraison et surtout les « coups de chaud » au moment de la récolte.
Sur nos communes de Cheverny et Cour-Cheverny, on rencontre principalement la Joly (la plus savoureuse…), la Gariguette, la Charlotte et la Sibilla.

Le Cadran à La Gaucherie à Fontaines-en-Sologne
Cette coopérative a été créée en 1981, et commercialisait à l’époque 230 tonnes de fruit par an. Elle regroupe aujourd’hui une vingtaine de producteurs (dont certains pratiquent la monoculture) des communes avoisinantes, pour une commercialisation annuelle de l’ordre de 2 000 tonnes. Chaque coopérateur s’engage à livrer au Cadran la totalité de sa production, ou un peu moins pour quelques-uns qui font de la vente en direct.
En saison, chaque jour, de mi-avril à fin juin (sauf le samedi, et y compris le dimanche…), et jusqu’à l’automne quelques jours par semaine pour les remontantes, les producteurs apportent en début d’après-midi leur cueillette du matin, conditionnée en barquettes de 250 ou 500 g rangées dans des plateaux, et répartie par lots. Chaque barquette est numérotée et répertoriée, permettant de référencer précisément son origine. Chaque producteur communique à 12 h 30 la composition des lots qu’il va apporter à la vente l’après-midi, et le Cadran compose alors un catalogue permettant aux acheteurs de faire leurs choix. La vente aux enchères dégressives, qui dure trente minutes, permet ensuite à 8 acheteurs affiliés à la coopérative de s’approvisionner « au meilleur prix ». Ils les revendent ensuite dans les commerces de vente au public (grandes surfaces, marchés, Halles de Rungis ou d’ailleurs, petits commerces, etc.) ou restaurants, pâtissiers et autres utilisateurs de fraises… Cette commercialisation du fruit représente un tonnage journalier de l’ordre de 80 tonnes, et un délai de 1 à 3 jours entre la cueillette et la consommation.
Le Cadran permet aussi aux fraisiculteurs de mettre en commun des moyens, de partager leurs connaissances techniques et de défendre les intérêts de la profession.

Les conseils des professionnels aux consommateurs :
• réduire le délai entre cueillette et consommation : circuits courts… S’approvisionner chez le producteur local ou dans l’épicerie de votre village,
• consommer rapidement, mais on peut aussi s’autoriser à conserver la fraise un ou deux jours au réfrigérateur,
• un petit filet d’eau avant de la déguster…, mais ne pas faire tremper le fruit.

P. L.

(1) Sources : Wikipédia, www.autourdupotager.com, www.futura-sciences.com, www.gammvert.fr
(2) Le GAEC Guilloteau est également pépiniériste.
(3) Quasiment toutes les cultures imposent une rotation des sols, avec une fréquence différente selon les plantes concernées. La fraise est un fruit complexe, composé de centaines d’akènes qui sont en réalité les véritables fruits contenant la graine.

Fête de la Fraise

Rendez-vous le dimanche 26 mai à Cour-Cheverny
La Grenouille ne vous a pas tout dit à propos de ce fruit magnifique… Mais vous en saurez plus en interrogeant les professionnels qui auront plaisir à répondre à vos questions lors de la Fête de la Fraise de Cour-Cheverny…

La Grenouille n°63 - Avril 2024






1 commentaire:

Merci de nous donner votre avis sur cet article, de nous transmettre un complément d'information ou de nous suggérer une correction à y apporter