La saison de chasse est en cours et La
Grenouille, qui a présenté dans son numéro précédent « Daguet », le nouveau
piqueux, s’est intéressée à l’équipage de Cheverny dont le maître d’équipage
est Charles Antoine de Vibraye.
Les visiteurs du château et du parc ne manquent
pas, pour la plupart, d’aller voir les chiens de la meute qui sont les acteurs
naturels de ce mode de chasse. À Cheverny la chasse à courre est une véritable
institution. Elle a été remise à l’honneur en 1850 par le Marquis Paul de
Vibraye et c’est Philippe de Vibraye son arrière petit neveu, qui a créé en
1907 la « Société de Vénerie ». Cette société existe toujours et procure les
certificats de vénerie aux différents équipages, certificats qu’il faut fournir
pour les adjudications du droit de chasser à courre dans les forêts domaniales.
Dans un ouvrage paru en 1976, Philippe de Vibraye a défini certains buts de
cette société :
« La Société de Vénerie, grâce à l’appui du Conseil
Supérieur de la Chasse (…) a pu prendre d’efficaces mesures de protection pour
éviter la disparition dont les grands animaux étaient menacés en 1945, puis
pour régler un repeuplement progressif et raisonnable du cheptel dans un grand
nombre de massifs forestiers » (1)
Un chiffre maximum d’animaux à prélever est fixé
par l’Office National des Forêts, en concertation avec les équipages, pour
maintenir l’équilibre de la faune.
La pratique
La chasse à courre se pratique avec des chiens
courants et à cheval. Philippe de Vibraye en a donné une définition : c’est «
l’art de ne chasser, à l’aide de chiens courants, qu’un seul et même animal par
jour et de n’avoir droit de le prendre qu’après avoir su triompher de ses ruses
».
En moyenne, l’équipage de Cheverny, qui ne chasse
que le cerf, fait une prise sur trois ou quatre sorties. En saison, il chasse
deux fois par semaine, soit environ 60 à 70 sorties pour 20 à 30 animaux pris
(jusqu’en 1856, l’équipage chassait uniquement le chevreuil).
La technique du courre est
connue depuis deux millénaires. Quand on relit les traités de chasse écrits au
cours des âges, on est frappé de voir que bien peu de choses ont changé dans
les méthodes employées jusqu’ici. C’est que la Vénerie s’ordonne autour du
chien dont les aptitudes naturelles ne changent pas, et des espèces chassées,
dont les défenses ne varient pas davantage. Elle constitue donc une forme de
chasse naturelle qui repose sur la mise en oeuvre d’animaux dont l’instinct
joue le rôle décisif. L’homme encadre des chiens et peut les aider, il ne peut
pas se substituer à eux.
Au XIXe s., la meute comptait 40
chiens. Elle en compte 120 aujourd’hui. Elle comporte des chiens de deux races
: Anglo-Français tricolores et Français tricolores (croisement de Foxhound et
Poitevin). La préparation de la chasse et l’entretien des chiens sont assurés à
Cheverny par le piqueux qui s’appelle Daguet, nouvellement arrivé, et
son second qui s’appelle La Rosée (traditionnellement ils portent des
noms liés à la nature). Le piqueux est à la tête de la chasse pour guider les
chiens. Il est assisté par le second piqueux qui est également en charge des
écuries et des chevaux.
Pour Charles Antoine de Vibraye, le piqueux et son
second jouent aussi un rôle de « relations publiques » avec les riverains et
les propriétaires des territoires traversés par l’animal chassé.
La chasse à courre est étroitement liée à l’équitation.
Pour Philippe de Vibraye « Comme la chasse à courre ne peut se concevoir
sans cavalier, la vénerie a toujours contribué à propager et à maintenir le goût
de l’équitation en favorisant l’élevage du cheval ». Chaque bouton (membre
de l’équipage) possède son propre cheval. À Cheverny, les boutons admis à
participer aux chasses et à porter la tenue de l’équipage sont issus de
différents milieux et représentent toutes les professions : agriculteurs,
professions libérales, employés... Ceux qui demandent à appartenir à l’équipage
ont suivi pendant longtemps les chasses, à pied, à vélo...
La tenue et le langage des trompes
La tenue de l’équipage de Cheverny est de couleur
bleu marine, parement et gilet de velours rouge (nuance médecin militaire),
culotte bleue pour les maîtres, bleue avec galon de vénerie pour les autres. Le
bouton est or avec cerf d’argent et banderole au-dessus portant la devise «
Sologne ». Le rôle du bouton est d’aider le piqueux et le maître d’équipage en
leur indiquant les mouvements de l’animal à l’aide de la trompe. Il existe un
langage symbolique des fanfares de trompes (et non de cor de chasse, réservé
aux chasseurs à pied et aux chasseurs alpins). Chaque épisode de la chasse a
une sonnerie de fanfare de trompes propre :
- au départ : « le lancer » ;
- l’animal est aperçu au saut d’une allée : c’est «
la vue » ;
- l’animal est à découvert en plaine, la trompe
annonce « le débuché ».
Il y a aussi l’appel « au relancer », « le
bat-l’eau », « la sortie de l’eau », « l’hallali ».
Chaque équipage a sa fanfare : à Cheverny c’est «
la Vibraye ». Même si le monde de la chasse à courre donne l’impression d’être
hermétique et mystérieux, n’importe qui peut suivre une chasse à courre à
Cheverny, à condition de respecter les allées et les propriétés privées et de
ne pas gêner l’évolution de la chasse.(2)
Un nouveau site sur Internet (et sur Facebook)
Le domaine de Cheverny est partenaire d’un site
internet « www.wechasse.com » créé par le frère de Constance de Vibraye,
Édouard du Closel, passionné de chasse à tir et amateur de chasse à courre. Ce
site, premier réseau social international cynégétique des passionnés de chasse
à tir et à courre, pensé par un chasseur et pour les chasseurs, modernise
l’univers de la chasse en réunissant l’ensemble des parties prenantes sur une
plateforme digitale fédératrice. WeChasse facilite la mise en contact,
l’exposition commerciale et le partage d’informations entre les différents
acteurs cynégétiques : particuliers, professionnels et institutionnels. Avec WeChasse,
les adhérents peuvent communiquer autour de leur passion, vendre, acheter ou
louer des produits et services dans un « Market Place », promouvoir une
activité professionnelle... (gratuit pour les particuliers).
(1) Philippe de Vibraye : « La chasse, la Vénerie », dans Loir-et-Cher
historique, touristique, économique. Paris, éd. Nouvelles, 1976.
(2) Le petit journal de l’office de tourisme de Cour- Cheverny et
Cheverny – mars 1996
Voir
aussi les n° 14 (janvier 2012) et 16 (juillet 2012) de la revue « La
Grenouille, voix de Cheverny et Cour- Cheverny ».
Le Héron - La Grenouille n°33 - Octobre 2016
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